Ce texte m'a été transmis par Robert Andrianne qui souhaitait que je le partage.
Quelques semaines après m'avoir donné ce texte, il est décédé.
Robert Andrianne (Montquintin) - Témoignage du 16 avril 2011.
Avant propos:
A une époque, pas si lointaine, où l'insuffisance rénal tait synonyme de mort, le Professeur Laurent a réalisé des recherches sur les traitements de ce qu'on appelait alors "l'urémie chronique". Un peu d'histoire de ces recherches!
A la fin des années 1950, on voyait dans les services hospitaliers nombres de ces malades souvent jeunes, pâles, essoufflés, maigre, vomissant de marnière presque thoraciques liées à la péricardite.
La médecine était impuissante et les docteurs n'étaient que les spectateurs de la trop longue agonie de ces malheureux.
Heureusement, le rein artificiel a été découvert et permettait de filtrer le sang. Au début, ce fut assez laborieux, mais son fonctionnement a été mis au point dans les années '60-70.
cette technique médicale nouvelle a été le réel démarrage des greffes en général et l'apparition des nouveaux immunosuppresseurs, surtout pour la greffe du cœur.
En effet, au départ, on n'utilisait que la cortisone et l'Immuran, ce qui provoquait des lésions osseuses à long terme.
Hospitalisé à St Luc à Bruxelles, j'ai rencontré des greffés rénaux qui me déconseillaient la transplantation parce qu'ils avaient reçu trop de cortisone et avaient des déficiences osseuses à cause d'elle.
A tel point, qu'il ne savaient plus marcher et ils disaient qu'il auraient mieux vécu en dialyse!
A partir de 1982, on a découvert la "ciclosporine", et d'autres médicaments qui sont à la base de l'essor de toutes les greffes.
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J'étais agriculteur à Montquintin (ferme Brafort - frères et sœurs), je suis insuffisant rénal depuis 31
ans, à cause d'un accident.
J'avais été empoisonné par des pesticides (lindane +DM68) en pulvérisant des céréales.
Ces produits sont défendus depuis plus de 20 ans, mais on les utilise encore en Chine!
Mourant, j'ai été amené d'urgence à Saint Luc à Bruxelles, et j'y suis resté 4 mois et demi.
La dialyse m'a sauvé la vie, mais malheureusement, je restais handicapé ) vie, parce que je n'étais pas "greffable" en raison des anticorps qui auraient été capable de se rebeller contre le greffon.
J'étais donc en survie, avec un régime de fer, je n'urinais plus... Sur le plan de l'aide sociale: le premier mois: rien et ensuite 12.000 FB (300€) par mois, alors qu'un maçon en dialyse avec moi touchait 22.000 FB (550€), et un employé de banque: 30.000 FB (650€)/mois... Pourquoi une telle différence??
Heureusement, mon épouse avait accepté de me dialyser à domicile ce qui m'évitait d'aller à Sainte-Ode à 92km de chez moi, car le Centre d'Arlon n'existait pas encore.
Etant devenu anémique à cause du régime imposé, je devais recevoir une transfusion de sang mensuellement pour purifier mon sang Ceci m'a permis de m'inscrire à "Eurotransplant" en 1984 à l'âge de 54 ans, mais j'ai encore dû attendre 3 ans avant de recevoir un greffon.
Et la ferme?
Mes enfants et des amis ont fait tourner l'entreprise si que bien que pour l'année 1980, j'ai encore dû payer 200.000FB (50.000€) aux Contributions.
Le pire, comme j'avais des emprunts, la caisse de crédit n'ai rien trouvé de mieux de me faire rembourser tous mes crédits parce que j'étais handicapé à 80%.
C'est pour cette raison que nous avons fait émanciper notre fils Jean-Marie qui n'avait que 18 ans pour qu'il puisse reprendre une partie de la ferme. Yvan, notre fils ainé, avait déjà repris 1 tiers de l'exploitation.
Jean-Marie était soldat à l'époque et il a dû emprunter 3 fois plus cher que moi pour poursuivre l'activité agricole.
Je n'ai pas réussi à payer toutes les dettes, alors j'ai été obligé de vendre ma belle et grande maison pour apurer les comptes. Avec le solde de la vente, nous avons construit une toute petite maison.
Ensuite, malgré les réticences au départ, ce fut la greffe du rein!
Quel bonheur, que changement, quel soulagement! Fe fut réellement comme une nouvelle vie!
En 1987, malgré les contraintes liées à la médication antirejet (Cortisone, Néoral, ...) qui diminuent les défenses naturelles du corps, ma greffe a été une réussite totale. Jamais je n'aurais pensé que j'arriverais à vivre avec cette transplantation durant 24ans, avec toutes les drogues que je dois prendre tout les jours.
J'en profite pour vous demander d'être favorable au don d'organes. Le professer Squifert de la Clinique Saint Luc à Bruxelles a raconté, lors d'une conférence à Arlon, qu'une grand-mère avait donné un rein à sont petit-fils et rein aurait aujourd'hui (2011) près de 100 ans.
Dites aux jeunes de votre entourage d'aller dire "oui" à la commune, car personne n'est à l'abri d'avoir, un jour besoin d'un organe pour pouvoir survivre. Maintenant, on peut greffer cœur, poumon, rein, foie, pancréas, cornée, ...).
D'après le professeur Van Yperzele, grand spécialiste des insuffisances rénales à Saint Luc - Bruxelles, la chance de ma vie, c'est de n'avoir jamais fumé, car j'ai conservé un bon cœur et de bonnes artères.
Avez vous déjà entendu parler de ces personnes malades se trouvant à tout extrémité, mourant ou dans un coma et qui plongent subitement dans un tunnel et ne souffrent plus en allant vers une lumière resplendissante. Et bien, j'ai vécu cela, j'étais sur un nuage, sans souffrir et je me dirigeais vers une forte lumière,... j'étais heureux!
Ensuite, quand je suis revenu à moi, il y avait deux médecins près de moi qui venaient de me réanimer.
On parle beaucoup de ces phénomènes et des études sont entamée, car il y a de nombreux car similaire et des déclarations identique que c'est devenu crédible.
Robert Andrianne
25 aout 1930 - 6 juillet 2011.